
Le groupe Fiat suivrait-il les traces des grosses compagnies en matière de défiscalisation ? C’est la question que l’on peut se poser suite à l’annonce faite par Fiat Industrie, le groupe qui gère la partie camion, de payer ses impôts au Royaume Uni.
Une stratégie rentable grâce à l’Angleterre
En effet, suite à son opération stratégique de « spin off », le groupe a séparé les activité automobiles de celles des autres activités telles que celles des camions (connus notamment sous le nom de « Iveco ») et celles des engins agricoles. Ainsi la création de ce nouveau groupe appelé Fiat Industrial sépare ces deux activités, le directeur général Sergio Machione précisant qu’il n’y avait pas de raisons de garder ensemble des activités n’ayant pas la même logique industrielle. Mais en réalité, cela va permettre au groupe de faire des économies d’impôts importantes, soustrayant de la fiscalité italienne un bonne partie des revenus du groupe. Les impôts de cette branche seront alors payés au Royaume Uni. Ainsi, le groupe va profiter de la nouvelle politique fiscale britannique mise en place pour attirer les capitaux étrangers. Cette politique est mise en place par David Cameron le premier ministre britannique de l’époque qui annonce dores et déjà que les impôts en Grande Bretagne baisseront à 20% seulement avant 2015. Quand on sait que le groupe de la famille Agnelli a payé en 2012 plus de 536 millions d’euros d’impôts soit 36% de ses résultats, le calcul est vite établi pour comprendre l’intérêt de cette transaction. Ainsi, le groupe met à l’abri des impôts l’une des parties les plus rentables de ses activités puisque le marché des véhicules est actuellement sinistré en Europe et quasiment mourant en Italie. L’Italie risque donc de perdre gros, le groupe ne laissant en Italie qu’une part du groupe affichant de faibles revenus même si cette partie du groupe contient des marques prestigieuses comme Ferrari.
Une stratégie pour le reste du groupe ?
C’est en tout cas ce qui motive Sergio Machionne, le patron de Fiat, pour discuter non seulement avec les syndicats italiens de l’automobile mais également avec l’administration financière en Italie. Ainsi, le ministre italien des Transports a déjà appelé le gouvernement à étudier des conditions plus favorables pour que les entreprises italiennes restent sur la péninsule. Car à bien y regarder, Fiat pourrait continuer sur cette même lancée en disloquant un peu plus son entreprise en de multiples morceaux plus ou moins rentables afin, eux aussi, de les faire transiter vers d’autres cieux fiscaux plus intéressants. Ainsi une branche nouvelle pourrait être créée pour s’occuper particulièrement de Chrysler. Déjà propriétaire de plus de 58.5 % du capital de cette dernière, Fiat envisage l’absorption de la totalité des parts. Le nouveau groupe pourrait alors très bien s’installer en Grande Bretagne. Le groupe est donc actuellement un conglomérat réparti sur plusieurs sites et qui profite de nombreux avantages. Une partie basée en Italie, cotée sur la bourse transalpine, un groupe de droit néerlandais, basé en Angleterre et côté sur la bourse de New York. La question est maintenant de suivre quel va être le choix de la famille Agneli dans la suite de leur diversification fiscale. Car il ne faut pas douter que cette partie de cache-cache (ou de cash-cash) fiscal ne va pas s’arrêter de suite.